Le 11 août 2025, le monde a perdu une voix courageuse et indomptable. Anas al-Sharif, l’un des derniers journalistes présents sur le terrain à Gaza, a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne, avec quatre de ses collègues. Ce drame s’est produit à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa, où une tente abritait des journalistes qui avaient fait le choix de rester sur place, malgré les bombardements incessants, pour témoigner de la réalité de la guerre.
À 28 ans, Anas al-Sharif était un visage bien connu d’Al Jazeera, réputé pour sa détermination à rapporter la vérité, quoi qu’il en coûte. Depuis des mois, il vivait avec la peur constante d’être ciblé, mais il continuait à partager avec le monde ce qu’il voyait : la souffrance, la destruction, la douleur. Le 11 août, quelques heures avant sa mort, il avait écrit un message poignant sur les bombardements israéliens frappant les quartiers de Gaza. « Dernières nouvelles : des bombardements israéliens intenses frappent les zones est et sud de Gaza », écrivait-il. Ce furent ses derniers mots publics.
Anas al-Sharif était l’un des derniers journalistes à Gaza, un témoin courageux dans une guerre où la liberté de la presse est un luxe de plus en plus rare. Alors que les journalistes étaient de plus en plus poussés à fuir ou à se cacher, lui, avec d’autres, choisissait de rester, d’informer, de risquer sa vie pour que le monde sache. Il savait que sa vie était fragile, mais il croyait profondément que sa mission était plus grande que sa peur.
Quelques semaines avant sa mort, Anas avait confié au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qu’il vivait dans la terreur, avec la sensation que chaque instant pourrait être son dernier. Et pourtant, il n’a jamais cessé de parler, de rapporter, de témoigner de la souffrance de son peuple. L’attaque qui a coûté la vie à Anas et à ses collègues montre l’ampleur du risque qu’il courait chaque jour, mais aussi le prix terrible qu’il payait pour sa quête de vérité.
L’armée israélienne a justifié cette frappe en l’accusant d’être lié au Hamas, une accusation vide de preuves, rejetée par les défenseurs des droits humains. Anas n’était pas un soldat, il n’était pas un combattant. Il était un journaliste, un observateur, un témoin de son époque, qui risquait tout pour documenter ce que d’autres cherchaient à effacer.
Sa mort, tragique et injustifiable, est bien plus qu’un simple assassinat. Elle est le symbole de l’attaque systématique contre la liberté d’expression, contre la presse indépendante. Dans un dernier message, écrit en avril, mais posté après sa mort, il disait : « Allah sera témoin contre ceux qui sont restés silencieux, ceux qui ont accepté notre massacre ». Ces mots résonnent désormais comme un cri désespéré dans l’obscurité de la guerre.
Anas laisse derrière lui une femme, deux enfants et un héritage de courage. Son père, lui aussi, a été tué dans une frappe israélienne en 2023. Mais Anas n’a jamais hésité, il a continué, jour après jour, à faire ce qu’il savait faire le mieux : rapporter la vérité. Sa famille perd un père et un mari. Gaza perd une voix forte. Le monde perd un témoin précieux de la réalité brutale du conflit.
Anas al-Sharif n’était pas seulement un journaliste. Il était un symbole de la résistance pacifique de ceux qui, même dans les pires conditions, continuent à lutter pour la vérité. Cette tragédie n’est pas simplement une perte pour sa famille ou ses collègues, mais pour toute l’humanité. Car son courage était un phare dans l’obscurité, une lumière qui ne brille plus, mais qui continue à éclairer ceux qui croient encore en la force de la vérité.